Le fatalisme médiéval
Data pubblicazione: Dec 21, 2020 9:3:4 AM
Le concept de fatalisme médiéval est bien représenté par l'image de la roue qui tourne: si on est sur le bord d'une roue, on peut se retrouver en bas alors qu'un moment avant on était en haut, et vice-versa.
Mais, qui est-ce qui tourne la roue? Ce ne sont pas les hommes! C'est peut-être Dieu ou la Fortune...
Fortune, aveuglée et double (bonne fortune et mauvaise fortune, symbolisées par son côté normal et son côté sombre), tourne sa roue sans tenir compte de la condition sociale de ceux à qui elle baille chance ou malchance pour un temps.
Sous cette roue de la fortune on trouve la transcription du début des Carmina Burana.
Les Carmina Burana sont un recueil de 315 chants profanes et religieux composés en latin médiéval et rédigés entre 1225 et 1250. Les auteurs sont majoritairement des goliards (c'est-à-dire des clercs itinérants), des ecclésiastiques défroqués ou des étudiants vagabonds. Le manuscrit comporte des chansons d’amour, des chansons à boire et à danser ainsi que des pièces religieuses.
Au xx siècle le musicien allemand Carl Orff a choisi vingt-quatre de ces chants et les a mis en musique.
texte latin
O Fortuna
velut Luna
statu variabilis,
semper crescis
aut decrescis.
Vita detestabilis
nunc obdurat
et tunc curat
ludo mentis aciem,
egestatem
potestatem
dissolvit ut glaciem.
Sors immanis
et inanis,
rota tu volubilis,
status malus
vana salus,
semper dissolubilis
obumbrata
et velata
michi quoque niteris.
Nunc per ludum
dorsum nudum
fero tui sceleris.
Sors salutis
et virtutis
michi non contraria,
est affectus
et defectus
semper in angaria.
Hac in hora
sine mora
corde pulsum tangite
quod per sortem
sternit fortem
mecum omnes plangite.
Le hasard du salut
et de la vertu
ne m’est pas contraire,
il est affecté
et épuisé
toujours en corvée.
À cette heure
sans retard
touchez la corde vibrante
qui par le sort
terrasse le courageux
avec moi tous pleurez.
traduction française
O Fortune
comme la Lune
à l’état variable,
toujours tu croîs
ou décroîs.
La vie détestable
d’abord insensibilise
et ensuite veille
par jeu sur l’acuité de l’esprit,
la pauvreté
le pouvoir
elle les dissout comme glace.
Sort monstrueux
et vain,
tu [es] la roue qui tourne,
état mauvais
vain salut,
toujours divisée
ombrageuse
et voilée
tu me contrains aussi.
Maintenant par jeu
mon dos nu je présente
à ta scélératesse.