Ce couple de personnages semble être omniprésent au théâtre depuis toujours: de la littérature antique (Térence et Plaute) à la littérature contemporaine (Hofmannsthal et Becket) en passant par Molière, Beaumarchais, Marivaux, Goldoni et Victor Hugo, ce binôme semble fonctionner particulièrement bien. Mais au fil des siècles il a subi plusieurs modifications conformément à l'évolution de la société.
Inspiré aux personnages de la comédie italienne (Arlequin, Trivelin, Pierrot, Pantalon, Polichinelle), le valet est au départ un personnage de farce, un type traditionnel, presqu'un pantin au caractère immuable
le valet est simplement l'antithèse comique du héros (Dom Juan)
il aide ses maîtres à se tirer d'affaires (il teatro di Terenzio, Le Bourgeois Gentilhomme)
il agit pour ses propres intérêts (La brave Femme)
il est doublé par son alter-ego féminin (Suzanne dans Le mariage de Figaro, La belle Aubergiste chez Goldoni et La brave Femme)
ce n'est plus un valet mais un adjuvant, véritable moteur de l'intrigue (Le Barbier de Séville)
il devient le protagoniste de la pièce (Arlequin valet de deux maîtres; La brave Femme; Le Roi s'amuse)
il est carrément en compétition avec son maître (Le mariage de Figaro)
il ose se mettre à la place de son maître (L'Île des esclaves)
c'est lui qui représente la morale et la respectabilité alors que la maison de ses maîtres semble aux bords du déshonneur (L'incorruptible)
on ne sait plus qui est le serviteur et qui est le maître (En attendant Godot)